Un peu d’histoire

histoire00L’histoire connue de Champeaux commence avec Sainte
Fare, au début du VIIème siècle.
Sainte Fare était la fille d’Agnéric comte de Meaux.
Elle fonda l’Abbaye de Faremoutiers (le moutier – monastère – de Fare), aujourd’hui encore vivante à quelques 35 km au Nord-Est de Champeaux, bien que les bâtiments anciens aient été rasés.

On sait par son testament rédigé en 632 alors que, malade, elle pensa sa vie menacée, qu’elle souhaitait léguer les terres de sa Villa Campellis à ses soeurs religieuses.

Il y avait donc là, auparavant, une villa, c’est-à-dire, une grande exploitation agricole remontant sans doute à l’époque gallo-romaine. En effet, vue la richesse des terres de la Brie, il est probable qu’elles aient été exploitées ici depuis longtemps.
Cela dit, le paysage n’était pas aussi dégagé qu’aujourd’hui et il devait y avoir encore, et cela
jusqu’à la fin du Moyen-Age, beaucoup plus de parties boisées et clôturées.

Sainte Fare semble avoir installé à Champeaux un prieuré dépendant de la maison-mère, l’Abbaye de Faremoutiers.
Ce prieuré devint très vite une abbaye de femmes – bénédictines – qui semble avoir perduré
jusqu’au XIème siècle.
Les religieuses furent remplacées par un Chapitre collégial de chanoines sans doute au cours du XIème siècle.
Peut-être ce changement a-t-il un lien avec Guillaume de Champeaux, célèbre philosophe originaire de Champeaux, ami de Saint Bernard et fondateur de l’Abbaye de Saint Victor, abbaye de chanoines réguliers, bien que les chanoines de Champeaux aient été des chanoines séculiers et refusèrent ensuite de se rallier à la Congrégation de Saint Victor.
A cette époque, le doyenné de Champeaux n’était pas encore rattaché à l’Evêché de Paris. Il ne le sera qu’au début du XIIème siècle tout en restant subordonné à l’Archevêché de Sens dont dépendait l’Evêché de Paris.
Paris n’était pas encore un archevêché.
Ce doyenné regroupait les paroisses environnantes de Fouju, Saint-Méry, Andrezel et plus lointaine de Quiers.
Les chanoines était seigneurs du fief de Champeaux et avaient quelques petits seigneurs vassaux. Cela leur donnait des revenus importants leur permettant d’envisager de grands travaux.
A cette époque, l’église collégiale n’était pas encore construite.
Les chanoines n’allaient pas tarder, par la suite, à suivre le renouveau architectural gothique qui émergeait alors dans cette région de l’Europe et commencèrent les travaux d’un nouvel édifice vers le milieu du XIIème siècle, l’actuelle collégiale.
Le Chapitre collégial de Champeaux devint un centre théologique réputé et accueillit une école de chantres célèbre dans toute la chrétienté. Celle-ci semble avoir été très liée à l’Ecole cathédrale Notre-Dame de Paris, liens sans doute renforcés dès le début du XIIème siècle par Guillaume de Champeaux, alors Ecolâtre – directeur – de l’Ecole Notre-Dame avant de fonder Saint-Victor.

 

Guillaume de Champeaux

Né vers 1070 à Champeaux, il fut certainement influencé par l’existence d’une communauté religieuse dans son village. Il est à l’origine de la fondation de l’Abbaye de Trois Fontaines.

Guillaume de Champeaux accéda à la prêtrise puis aux plus hautes charges. Il fut Archidiacre de Paris et Ecolâtre de Notre-Dame (Directeur) en tant que Maître en philosophie et en théologie de l’Ecole Episcopale de Paris – ancêtre de l’Université parisienne.

En 1108, il quitte sa charge pour prendre l’habit de chanoine régulier en fondant l’Abbaye de St Victor au pied de la montagne Sainte-Geneviève. Il y transporte aussi son enseignement et ses élèves le suivent. C’est la première fois qu’un monastère est aussi une université. Très célèbre en son temps, il aura comme élève et contradicteur Abélard.
Ensuite, en 1113, il est intronisé Evêque de Châlons sur Marne. C’est en tant que tel qu’il rencontre Saint Bernard.

Après avoir fondé Clairvaux, Bernard voulut obtenir l’approbation des Evêques. Il s’adressa à Guillaume de Champeaux qui, dès le premier jour, lui témoigna une très bienveillante amitié et le consacra abbé du monastère (en 1115). Jusqu’à sa mort, il le soutint et l’encouragea.

En 1116, Guillaume de Champeaux vient au Chapitre de l’Abbaye défendre Bernard malade   et, en 1118, lui demande de se reposer, lui-même assumant une part de sa charge.
C’est à cette époque que se développe le recrutement des moines.
Nul doute que le soutien officiel de l’Evêque et protecteur Guillaume de Champeaux n’ait encouragé ces nombreuses vocations qui permirent dès 1118 de fonder d’autres abbayes.

Ainsi Guillaume de Champeaux contribua au développement des moines cisterciens après avoir fondé lui-même un ordre religieux et eut une influence considérable sur son temps, en participant ainsi à la réforme de l’Eglise, réforme qui, dès cette époque, prônait un retour aux origines et une plus grande indépendance de l’Eglise par rapport au pouvoir politique.

Il fut aussi à l’origine de la “Grande Charte Champenoise” autorisant les moines à
cultiver la vigne sur leurs domaines de Champagne, charte qui fonda le vignoble de
Champagne.
Personnalité de stature internationale, il fut envoyé par le Pape Callixte II avec le
père abbé de Cluny, pour négocier avec Henri V, l’empereur d’Allemagne, lors de la querelle des investitures.

Il mourut en 1121.
On redécouvre actuellement le très grand théologien qu’il fut.